PARIS (AFP) - Ludmila Tchérina, danseuse étoile mais aussi artiste aux
multiples talents, s'est éteinte dimanche à Paris à 79 ans après une
vie toute de passion où elle a été tour à tour tragédienne, peintre,
sculpteur et romancière.
Née le 10 octobre 1924, Ludmila Tchérina, de son vrai nom Monika
Tchemerzine, fille d'un prince russe mathématicien exilé et d'une
Française, a été initiée très tôt à la danse et s'est produite en
public dès l'âge de 10 ans.
En 1939, cette jeune prodige de 15 ans aux
grand yeux noirs et aux cheveux de jais, a été engagée comme étoile et
chorégraphe aux Ballets de Monte-Carlo avec lesquels elle a dansé les
principaux rôles des ballets russes de Diaghilev.
En 1942, dans la clandestinité, elle a créé le rôle de Juliette dans le
"Roméo et Juliette" de Serge Lifar avec ce dernier pour partenaire.
Lifar a imaginé aussi pour elle des rôles dans "A la mémoire d'un
héros" et "Mephisto Valse".
Après la seconde guerre mondiale, elle a donné des récitals avec son
mari Edmond Audran, est devenue étoile des Ballets de Paris et a
poursuivi sa trajectoire météorique sur toutes les grandes scènes
internationales.
Etoile au Metropolitan Opera de New York (1950), à la Scala de Milan,
elle a sans doute été la première danseuse occidentale à se produire
avec le Bolchoï, dans "Giselle" et "La mort du cygne".
Son nom reste attaché à maintes créations qui firent date, notamment
"Les Forains" de Roland Petit, "Le martyre de Saint Sébastien" en 1957
à l'Opéra de Paris, "Les amants de Téruel" en 1959" (qui feront l'objet
d'un film de Raymond Rouleau), "Gala" de Maurice Béjart et Salvador
Dali ou "Jeanne au bûcher" en 1970.
Le cinéma et une douzaine de films de télévision dont une version du
"Martyre de Saint Sébastien" où elle danse et dit les vers de
d'Annunzio, conservent la trace de certaines de ces compositions.
La mort accidentelle de son premier mari Edmond Audra l'amena au début
des années 50 à la peinture -qui l'apaisait, disait-elle. Plus tard, la
sculpture et le roman ("L'amour au miroir" et "La femme à l'envers"),
lui valurent l'amitié et l'admiration d'un André Maraux et d'un Roger
Garaudy.